Migration / Murmuration







Programme de vidéos et de créations sonores réalisées par des étudiants de l’Ecole Européenne Supérieure de l’Image Angoulême-Poitiers, de l’ESA du Nord Pas de Calais Dunkerque-Tourcoing et de l’ESAD Toulon Provence Méditerranée dans le cadre de du programme de recherche Inter-école d’arts.

Migration / Murmuration reprend ainsi le double sens de l’actio de murmurer et celui de la forme que prennent dans le ciel les mouvements coordonnés de centaines d’oiseaux au moment de leur migration.
Pour autant, loin de nous l’idée de faire coïncider l’image de la migration des animaux avec celle de l’exil de nombreux migrants et réfugiés expulsés et non mus par un instinct ancestral. Cette métaphore de la murmuration évoque plus précisément la singulière mise en réseau des personnes en situation de migration à travers des flux d’échanges de paroles, d’images et d’applications pour smartphones et ainsi que le caractère arbitraire des frontières.


Vidéos


El Abbas EL ABED
Marcher vers l’inconnu

(Vidéo, couleur, son stéréo-2017)
Marcher vers l’inconnu, vers une nouvelle terre, une terre qui ne mène nulle part, c’est une errance collective qui nous est proposée, ils viennent de tous les pays du monde, ils viennent pour des raisons connues, inconnues devant la masse d’eau.
Ils sautent ils crient dans l’eau, les ombres dessinent des corps, des corps absents à eux-mêmes . Ils nous racontent dans ce silence, les rêves et les légendes, promesse d’humanité dans cet autre phantasmé de l’ailleurs.

Morgane PLANCHAIS
Sala sala 2017
(Vidéo, noir et blanc, son stéréo, 7’53’’- 2017)
De l’écriture à l’oralité, de la transcription à la traduction, de la relation à la transmission, mon ami réfugié syrien et moi travaillons sur les paroles d’une chanson grecque. Nos corps traversent l’image, nos voix déchiffrent et prononcent puis s’accordent et chantent. Je viens écrire le couplet de la chanson sur une surface verticale, en lettres latines, puis disparais. Marwan apparaît et les réécrit en alphabet grec ; il les traduit ensuite en arabe. Je tente alors de déchiffrer phonétiquement les mots et de les ré-écrire en lettres latines, entre les lignes. Le geste de l’écriture s’accomplit en simultanéité de la prononciation, dans la temporalité du déchiffrage.

Charlotte NEDELLEC
Afrique brisée
(Vidéo, couleur, son stéréo-2017)
En septembre 1814 à Vienne les puissances européennes se réunissent pour se partager l’Afrique. Pendant dix mois des hommes ont tracé les frontières africaines selon leurs intérêts. La cartographie devient un outil d’hégémonie, qui délimite des territoires pour s’en attribuer la possession. La vidéo dénonce ces enjeux géopolitiques de la colonisation à travers le récit d’un geste habité par le hasard. La vidéo présente une carte sensible car vide d’information et faite en miroir, elle reflète le monde qui la regarde. L’histoire de cette petite carte est celle d’une rencontre : une main tenant un marteau la percute. Une intervention agressive afin de créer ses propres frontières ; par le biais d’un hasard autoritaire et brutal qui détruit pour construire de nouvelles formes. Ces frontières inconnues sont un espace hétérotopique comme un reflet sensible de notre relation au monde.

Zagros MEHRKIAN
[Zamân] [mibare] [ke]….
Il faut du temps
(Vidéo, noir et blanc, son mono, 15’13 -2017)
Un poème en langue persane de ma composition est transcrit par phonétique en caractères latins. Il est lu par des gens de différentes langues : coréenne, ukrainienne, alsacienne, française, arabe, chinoise, espagnole etc. L’idée est de faire lire un texte transcrit en caractères d’une autre langue, lu par des gens qui ne comprennent pas la langue d’origine. Chacun l’interprète avec l’accent et l’intonation de sa propre langue, ce qui crée à chaque fois un texte nouveau. Ainsi nous essaierons de montrer que pour le persanophone qui, étrangers aux caractères latins, ne peut pas lire le texte mais saisit le sens général des paroles et est surpris par l’accent et l’intonation des lecteurs non persanophones. Pour ces derniers, le sens du texte qu’il arrive à lire car écrit en caractères latins, est incompréhensible. Le point d’intérêt commun pour les deux est le rythme donné par le leitmotiv « Zamân mibare » écrit ou oral. Cela pourrait être un clin d’œil au karaoké où la compréhension du sens des paroles n’a pas une grande importance et dont l’enjeu est de suivre le rythme de la mélodie et de l’intonation.




Zagros MEHRKIAN
Sans titre
(Vidéo, 2’17 -2017)
Je raconte mes souvenirs d’enfance d’un épisode de la guerre Iran-Irak (1980-1988) où l’armée de Saddam tirait des missiles sur Téhéran. Ce récit relaté du point de vue d’un enfant qui ne comprend pas la gravité de la situation et qui prend le fait pour un jeu amusant, est, tout en étant burlesque, violent et empreint d’humour noir. Il est représenté avec des onomatopées, des bruitages et des gestes.

Paulina DENTI
Ser / estar
(Vidéo, couleur, son stéréo-2017)
Je questionne la langue comme outil d’identification des personnes en jouant avec la notion temporelle propre à l’espagnol : le verbe ser (être définitif) et le verbe estar (être quelque part, en rapport avec le contexte). Je suis celle-ci, en étant celle-là.

Wilfried Dsainbayonne
Être Calais
(Vidéo, couleur, son stéréo-2017)
Être Calais/Être Calé, être confortablement installé. Un schéma de squat, migration se répète ad libitum. La présence du groupe se dessine par le biais de drapeaux et de marquages au sol, représentant un espace délimité devant temporairement le leur. Occupant temporaire de l’espace public, cette communauté dialogue avec la cité. L’espace frontalier que représente la ville de Calais devient le sujet des conversations.

Margot Bricout, Paul Ralu
et Wilfried Dsainbayonne
Coup de main
(Vidéo, couleur, son stéréo-2017)
Dans cette action qui s’est déroulée dans l’espace public la volonté principale était de mettre en place un dispositif provoquant la rencontre. lors d’une rencontre entre deux individus l’importance du visage et de l’apparence est primordial voir déterminant. Que se passe-t-il lorsque ces deux facteurs sont altérés ?
Le dispositif mis en place cherche à questionner notre rapport à l’individu et ce qui le caractérise en tant que personne. Le déguisement provoque un décalage par rapport aux codes sociaux de la rencontre.

Zagros MEHRKIAN
et Roxanne LE ROY
Noyé et Perdu
(Bande son stéréo, 2’11 -2017)
Descriptif du projet : Il s’agit d’un projet à deux avec Roxanne LE ROY. En introduisant les mots « Noyé » et « Perdu » dans un texte choisi dans un prospectus publicitaire d’une agence de voyage proposant une croisière, nous avons donné un rythme au texte et produit un poème. Avec des lectures différentes et le montage du son en multi-position des voix des lecteurs, on n’entend finalement que les deux mots : « Noyé » et « Perdu » Le choix d’une croisière luxueuse et haut de gamme en Méditerranée dont les eaux sont teintées du sang des migrants, nous proposons un regard critique sur la catastrophe humaine qui a lieu sur une mer où, alors que des croisiéristes insouciants prennent du bon temps sur leur bateau luxueux, des êtres humains perdent la vie.